


Auteur : Renaud Lariagon Date : octobre 2015 Structure de recherche associée à la MRSH : ESO-Caen |
Renaud Lariagon réalise sa thèse de doctorat sur la dimension territoriale des expériences étudiantes à l’UNAM et à l’Université de Petatlán dans l’état de Guerrero, avec un financement (2012-2016) du Conseil national des sciences et technologies (CONACYT) mexicain.
A gauche de la photographie, la Tour des humanités n°1 abrite des bureaux d’enseignants et une partie de l’administration. Elle surplombe, sur la droite, le bâtiment d’enseignement dont l’entrée avec les balcons jaunes est communément appelée « l’aéroport » par les étudiants. En effet, après leurs trajets dans la mégalopole mexicaine, cet espace est celui où « atterrissent » les étudiants avant d’aller en cours. Sur la façade, on observe des banderoles et des graffitis dénonçant le terrorisme d’État et la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa un an auparavant, en septembre 2014. L’intérieur de l’aéroport est occupé par des stands où des étudiants précaires vendent des confiseries. Après la grève de 2000, des espaces ont commencé à être occupés durablement. Dans le bâtiment de cours, une dizaine de salles sont « illégalement » occupées par des groupes léninistes, trotskistes, zapatistes, etc. Certains collectifs dépourvus de local occupent des pans de murs pour informer de leurs activités. À proximité, dans l’enceinte de la Faculté, le plus grand amphithéâtre de l’UNAM, rebaptisé « Auditorio Che Guevara » par le mouvement étudiant de 1968, est occupé en permanence par des groupes anarchistes et marxistes. Malgré les batailles idéologiques concernant l’occupation et la répartition de ces espaces entre les différents collectifs, l’accord implicite de lutter pour la préservation des espaces occupés a rendu impossible toute tentative d’expulsion organisée par les autorités universitaires. Un contre-pouvoir étudiant durable a été construit et il est fortement territorialisé.